Logement étudiant: Paris, dernier de la classe

Alors que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain) est au centre du débat politique, il est plus qu’utile de se pencher sur les problèmes de logement que rencontrent les étudiants : les prix élevés, le manque de confort et surtout les faibles capacités d’accueil de la capitale. En effet, avec seulement 2000 chambres universitaires pour 330000 étudiants inscrits à la rentrée 2005, Paris fait figure de cancre en matière de logement social universitaire.

Résidences universitaires : le manque de places...

C’est un constat effarant, les 15 résidences universitaires parisiennes peuvent accueillir à peine 1.5% des étudiants. Ce chiffre est, proportionnellement, le plus bas de France : très loin derrière la Corse, Limoges, Bordeaux, Lille et les 7% sur le territoire national (le Crous gère environ 150000 lits pour 2200000 étudiants). Malgré des constructions récentes (deux résidences de 400 et 120 studios de 1997 à 2004), actuelles et futures (3 projets sont en cours d’élaboration), Paris n’atteindra jamais les capacités suffisantes principalement à cause du coût du terrain. Construire un studio de 18m² dans la capitale revient à 40000 euros, il ne s’en construit donc le plus souvent que lorsque l’Etat ou la municipalité cèdent des terrains et ce n’est pas un cadeau fréquent. Aussi, seul les étudiants de deuxième cycle peuvent espérer trouver un logement dans une de ces précieuses résidences. Les étudiants de premier cycle cherchant à se loger sont donc orientés sur les académies voisines (Versailles, Créteil, ...) : comme par exemple la cité universitaire d’Antony qui, avec 2500 chambres, est la plus grande de France. Mais ils ne sont pas prioritaires et là aussi les capacités d’accueil sont limitées.

... engendre la ruée vers le privé.

Ces carences ont entraîné une véritable explosion du marché locatif depuis maintenant 10 ans. Des foyers d’hébergement et 11 résidences privées ont été créé à Paris, ce qui représente plus de 15000 logements. 11% des étudiants sont logés dans ces structures qui les privent souvent de liberté (couvre-feu, intimité, ...). C’est pourquoi la moitié des étudiants préfère se tourner vers une location seul, en couple ou à plusieurs ; certains ont la chance de bénéficier d’un logement appartenant à leurs parents. Les autres n’ont plus qu’à user leurs semelles en arpentant les rues de la capitale, dossier à la main, à la recherche de la perle rare. C’est un vrai parcours du combattant : petites annonces, agences immobilières, services logement, bureaux des élèves, ... il faut frapper à toutes les portes pour avoir une chance de trouver, dans des délais respectables, un appartement correct.

Des prix élevés...

Mais pour être logé dans de bonnes conditions, il faut mettre la main au portefeuille. Les loyers sont chers, même pour Paris, du fait de la flambée des prix de l’immobilier durant ces dernières décennies. De plus, les propriétaires, sachant que les étudiants bénéficient d’aides, n’hésitent pas à gonfler les prix. On constate également que souvent les charges ne sont pas comprises et que les services sont relativement chers. On peut ajouter les baux courts sur 12 mois qui incluent les 2 mois d’été durant lesquels les étudiants n’occupent généralement pas leurs appartements et les frais supplémentaires à la signature telles les honoraires. Pour payer leur loyer et les divers frais liés à l’emménagement, toujours en hausse, les étudiants sont naturellement et majoritairement aidés par leurs parents mais ils ne manquent pas de mérite pour autant : 8 étudiants sur 10 occupent une activité rémunérée à temps partiel.

... et des conditions indécentes.

Les plus malins franchissent le périphérique, à partir duquel les loyers sont moins chers, et savent que la surface habitable doit être supérieure ou égale à 9m². En effet, bien que la loi l’interdise, certains propriétaires sans scrupule n’hésitent pas à louer des « chambres cagibis ». Ce sont ces anciennes chambres de services, que les riches propriétaires parisiens cédaient à leurs bonnes, qui jouxtent les plus beaux appartements de Paris et dont le manque de confort contraste avec les tapisseries et les ornements des étages voisins. On y loue des chambres de 6m² avec lavabo et WC sur le palier, sans un point de douche, jusqu’à 500 euros par mois. Selon Philippe Lacogne, responsable du point info logement, « le pompon » de la rentrée est la location d’ « un couloir aménagé : deux murs avec porte le divisant en trois appartements, qui rapportent chacun 350 euros à leur propriétaire ». « Mais, nuance-t-il, de plus en plus de propriétaires font des efforts et installent des douches quand c’est possible ». Alors, si l’on tombe sur un taudis, autant claquer la porte et persévérer.

Malgré des travaux et des mesures pour le logement étudiant amorcés ces dernières années, la tendance ne semble pas vouloir s’inverser d’autant que les étudiants sont de plus en plus jeunes et de plus en plus nombreux à quitter le domicile familial. La solution ne serait-elle pas de construire de vrais ensembles universitaires plus adaptés à l’échelle parisienne, tels les campus d’outre atlantique, ou moins loin d’Espagne, d’Angleterre, ... Car on note que quand les structures sont adaptées, les problèmes n’ont pas la même ampleur : L’académie de Poitiers-La Rochelle (40000 étudiants) accueille autant d’étudiants dans ses résidences universitaires que l’académie de Paris (330000 étudiants).

Conseils pratiques.

Avant tout, pensez à votre confort et aux commodités offertes par ce logement. Souhaitez vous privilégier la proximité de votre lieu d’étude ou de vos amis, l’attrait du quartier, ou encore les transports mis en place ? Avant de vous lancer dans les visites, préparez les documents qui vous seront nécessaires pour la signature du bail. Vous gagnerez ainsi un temps précieux ! 

• Photocopie recto verso de votre pièce d’identité ainsi que celle de la personne qui vous servira de caution. 

• Photocopie des trois derniers bulletins de salaires, les vôtres et/ou ceux de votre caution (si vous n’en avez pas, ceux de la caution suffiront s’il s’agit de vos parents). 

• Photocopie du dernier avis d’imposition, le vôtre éventuellement et/ou celui de votre caution. 

• Un justificatif de domicile de la caution (dernière quittance de loyer, dernière facture d’électricité ou de téléphone). 

• Un relevé d’identité bancaire, postal ou de Caisse d’Épargne, pour vous et pour la caution. 

• Une attestation à faire remplir par votre employeur, si vous travaillez (elle peut vous être demandée par le propriétaire).

En ayant pris le soin de préparer votre dossier (complet !), vous pourrez prendre de vitesse un concurrent visant le même appartement que vous.

Vous avez trouvé l’appartement de vos rêves ? Il faut maintenant signer votre contrat de location ou "bail". Toutes les infos sur www.adele.org.

Déménagez seul : votre mobilier doit se résumer à peu de choses, louez une camionnette, embrigadez quelques bons amis et le tour est joué.

Emménager dans un appartement meublé peut vous faire éviter des efforts physiques et financiers (achat meubles, électroménager, ...), mais vous sentirez vous chez vous ?

Si vous utilisez Internet, sachez que la plupart des résidences pour étudiants ne sont pas équipées du câble et que vous devrez vous abonner à France Telecom. Bon courage!

Les aides à la loupe

L’Aide Personnalisée au Logement (APL) : vous pouvez bénéficier d’une aide d’un montant maximum de 190 euros, si vous êtes locataire et payez un loyer. Dans ce cas, votre logement doit être conventionné. Vous pouvez également recevoir cette aide si vous êtes propriétaires et remboursez un ou plusieurs emprunts, qu’il s’agisse d’un prêt conventionné, d’un prêt d’accession sociale (PAS), ou d’un prêt PAP.

L’Allocation de Logement à caractère Social (ALS) : Cette aide, versée principalement aux étudiants, exige que le logement ne soit pas conventionné. Contrairement à l’APL, l’ALS est en principe versée au locataire. Cependant, il est possible de choisir un versement direct au bailleur. Attention : l’ALS est suspendue pour tous les étudiants au 1er juillet de chaque année, pensez à prévenir la CAF en justifiant la garde de votre logement durant l’été.

La demande ou l’estimation de votre APL et de votre ALS se fait auprès de la Caisse d’Allocation Familiale (CAF) de votre lieu de résidence ou peut être téléchargé sur Internet, sur http://www.caf.fr.

Le LOCAPASS : Le LOPASS s’adresse aux étudiants qui se trouvent dans un des cas suivants :

   l’étudiant est en possession d’un contrat d’une durée minimale de trois mois, en cours au moment de la demande d’aides.
   l’étudiant a eu, dans les six mois précédant la demande d’aides, un ou plusieurs contrats à durée déterminée pour une durée cumulée minimale de trois mois.
   l’étudiant est boursier d’Etat.
   l’étudiant possède une convention de stage d’au moins trois mois, en cours lors de la demande d’aides.

L’avance LOCA-PASS et la garantie LOCA-PASS. Le montant de la première dépasse rarement les 2 mois de loyer et le dossier, une fois complet, est examiné dans un délai de 8 jours (à défaut de réponse dans ce délai, l’avance LOCA-PASS est considérée comme accordée). Quant à la garantie LOCA-PASS, il s’agit d’une caution d’une durée de 3 ans donnée au bailleur, couvrant un nombre maximal de 18 mensualités constituées du loyer et des charges locatives.

Bourses : Pour savoir si vous avez droit à une bourse, renseignez-vous auprès de votre CROUS. Les CROUS gèrent le Dossier Social Etudiant (DES) qui permet d’effectuer simultanément les demandes de bourse et de logement, sur le 3614 CROUS ou sur www.cnous.fr.

Prêts étudiants : Toutes les banques proposent des prêts « spécial étudiant » allant de 760 à 23 000 euros. Attention toutefois à ne pas vous sur endetter en négociant mal le taux !

Il est bon de savoir que l’octroi d’un crédit étudiant peut se faire en cours d’études. Faites jouer la concurrence en vous adressant d’abord à plusieurs banques, comme à celles situées près de votre lieu d’études, lesquelles proposent parfois des accords de partenariat avec les étudiants de votre université. N’hésitez pas à demander aux banquiers de vous faire faire une simulation personnalisée

La question du logement pour un étudiant étranger

Un étudiant étranger qui souhaite bénéficier d’une aide au logement doit impérativement posséder une carte de séjour d’une validité supérieure à 4 mois, qu’il soit européen ou non. La demande doit se faire auprès de la CAF. Après dépôt du dossier complet, le délai d’obtention est de 3 à 6 semaines. Les aides ne pouvant être versées qu’avec un effet rétroactif de 3 mois, il est plus sûr de déposer votre demande dès la signature de votre. N’attendez pas de recevoir votre titre de séjour définitif pour envoyer votre dossier, vous enverrez la copie de la carte pour compléter votre dossier quand vous la recevrez.

Numéros et adresses utiles

Union Nationale des Maisons d’Étudiants - UNME : 2, rue de la Roquette, 75011 Paris. Tél. : 01 48 05 73 62.

Trouvez le centre des Impôts de votre ville sur www.finances.gouv.fr

Point logement étudiant : 01 40 46 86 73.

Service logement du CROUS de Paris : 01 40 51 37 21.

Association nationale d’information sur le logement : 01 42 02 65 95.

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Enquête publiée dans Tempo, le journal qui rythme la vie des étudiants

Illustration: Caroline Boisson