«Le XIXe siècle a été le grand siècle du progrès. Pour fêter les prodiges des arts, des sciences, de l'industrie et de l'agriculture, la France invita toutes les nations à participer à l'Exposition universelle qu'elle organisait à Paris. Toutes répondirent à cette invitation ; elles tenaient à comparer les progrès de leur industrie avec ceux des autres nations. L'Exposition de 1900 fut une merveille. Le Champ-de-Mars avait son château d'eau et ses fontaines lumineuses qui, le soir, transformaient cette partie de l'Exposition en une véritable féerie, les quais de la rive gauche de la Seine étaient occupés par les palais des nations, chacun dans son architecture nationale.» Jeanne Bouvier (1865-1964). Mes mémoires, éditions Marcineau, Poitiers, 1936.
La transformation de Paris
Sous le second empire (1852-1870), Paris a connu une presque totale transformation qui lui a donné son visage actuel. D’une ville à la structure médiévale, quasiment dépourvues de grands axes de circulations et aux constructions anciennes et insalubres, elle devient en moins de vingt ans une des villes les plus modernes du monde. Inspiré par son passage à Londres et soucieux d’améliorer la vie du peuple mais aussi d’assurer la rapidité de la répression en cas d’émeute, Napoléon III lança de grands travaux dans toute la capitale qui dureront de 1853 à 1869. C’est le préfet de la Seine, le Baron Georges Haussmann qui est chargé alors de rendre Paris adaptée aux transports modernes, assainie et aérée de parcs.
Il fit détruire les vieux quartiers médiévaux du centre de la ville et créa de grandes avenues pour relier les points forts de Paris. Contrairement à Napoléon III qui finança la création de plusieurs cités ouvrières, Haussmann ne se préoccupait pas des logements populaires. Son objectif était de faire de Paris une capitale moderne qui rayonne sur le monde. Il fit aménager le train de la Petite Ceinture, de nouveaux réseaux d’eau potable et d’égouts, 2000 hectares de parcs et jardins (bois de Boulogne et de Vincennes, squares des Buttes-Chaumont et de Montsouris, …), des théâtres, l’opéra Garnier, des hôpitaux, des mairies, les Halles centrales, …
Paris atteignit alors les fortifications construites par Thiers en 1845, annexant en 1860 les communes périphériques comme Auteuil, les Batignoles, la Villette, Charonne, … Haussmann créa alors l’actuelle division administrative en 20 arrondissements en oubliant pas de couper en deux les quartiers « à risque » comme Belleville et la Vilette. Ces quartiers périphériques, moins aidés et encore ruraux, virent arriver les ouvriers chassés des arrondissements centraux par l’augmentation des loyers. Paris a alors doublé sa superficie, passant de 3200 à 7000 hectares et de 12 à 20 arrondissements.
En 1870, la guerre franco-prusienne, l’arrestation de l’Empereur et la proclamation de la République marque la fin du Second Empire et une pause dans l’expansion de Paris. Le siège de Paris qui dura un an et la capitulation de Sedan provoquèrent l’insurrection de la Commune, une révolte d’inspiration socialiste et ouvrière dans la capitale. Les communards ont mis le feu à de nombreux monuments, comme l’Hôtel de Ville et le château des Tuileries, avant d’être écrasé militairement par Adolphe Thiers, chef du gouvernement, au cours de la Semaine sanglante de Mai, qui reste à ce jour la dernière guerre civile en France.
Dans la fin du siècle, avec l’instauration d’une IIIème république stable et modérée, les travaux reprennent, rythmés par les expositions universelles de 1889 et de 1900. Le Sacré-Cœur, le Grand et le Petit Palais et la Tour Eiffel sortent de terre alors que la première ligne de métro voit le jour en 1900, année qui symbolise la réalisation du rêve de Napoléon III. Paris est devenue ce qu’on appelle une « ville-monde », une ville qui rayonne, la capitale de la culture et du savoir vivre d’où puiseront leur inspiration nombre d’écrivains et de peintres comme Picasso ou Matisse.
L’année 1900
En 1900, Paris intra-muros compte alors un peu moins de 3 millions d’habitants, un record pour l’instant inégalé, et s’apprête à passer son baptême d’entrée dans le monde des « Grandes » en accueillant l’Exposition Universelle de 1900. Plus de 50 millions de visiteurs sont venus à Paris cette année là. Plus que la France ne comptait alors d’habitants ! Plus de 400 hectares occupés, 112 pavillons installés entre le Champs de Mars et l’esplanade des Invalides, 76 000 exposants dont 40 000 étrangers.
Une manifestation sans précédent et qui mobilise toute la population française. Les bureaux de Poste et les bureaux de tabac, dans toute la France, vendent des tickets d’entrée. Des hôtels poussent aux quatre coins de Paris et les compagnies de chemins de fer se réjouissent d’une affluence record de 30 millions de voyageurs pour la seule période de l’exposition. La gare d’Orsay a d’ailleurs été aménagée en urgence à la porte de l’exposition.
Une manifestation sans précédent et qui mobilise toute la population française. Les bureaux de Poste et les bureaux de tabac, dans toute la France, vendent des tickets d’entrée. Des hôtels poussent aux quatre coins de Paris et les compagnies de chemins de fer se réjouissent d’une affluence record de 30 millions de voyageurs pour la seule période de l’exposition. La gare d’Orsay a d’ailleurs été aménagée en urgence à la porte de l’exposition.
C’est un succès immense qui propulse la capitale française aux unes de tous les journaux du monde à travers son architecture, sa culture, son empire colonial mais aussi ses progrès techniques et industriels. Paris est devenue un important centre industriel notamment dans l’automobile et l’aéronautique avec les usines Peugeot et Citroën et les Ateliers Louis Blériot. La France est au terme de sa deuxième révolution industrielle favorisée depuis 1870 par la période de paix.
Durant ces années, des avancées considérables sont réalisées en chimie, en électronique, en sidérurgie et aussi en médecine. L’hygiène s’améliore nettement, ce qui se ressent sur la mortalité infantile et l’espérance de vie. La France s’équipe de plus en plus en électricité, la bicyclette remplace le vélocipède et en 1895, on projette le premier film de l’Histoire à Paris. Les modes de vie sont complètement bouleversées par nombreuses innovations. On se dirige peu à peu vers une société où la norme tend vers le confort.
En marge de l’exposition universelle se tient également les IIème Jeux Olympiques de l’ère moderne. Dans la confusion la plus totale, 1 225 athlètes de 24 pays s’affrontent pendant 5 mois. Autre touche de modernité des esprits cette année-là, les femmes sont pour la première fois admises à participer aux épreuves. Ainsi, la britannique Charlotte Cooper devient la première championne olympique de l’Histoire en s’imposant face à la française Hélène Prévost en finale de l’épreuve de Tennis.
L’autre « Belle Epoque »
Chassés du centre par les travaux d’Haussmann et l’augmentation des prix de l’immobiliers, des milliers de parisiens, principalement des ouvriers et artisans, se réfugie dans cette « zone » occupées alors par les chiffonniers et les bohémiens, et s’installent dans des cabanes de fortunes attendant une aide de l’Etat pour se reloger à Paris ou même en province. Il nait alors une communauté mi urbaine mi rurale ou se croisent ouvriers, artistes et voyous attirés par la quiétude du lieu où la Police n’ose pas trop s’aventurer. Cette « zone » de 250 mètres de large qui fait le tour de Paris se dote alors de ses marchands et guinguettes sans licence où l’on boit pour pas cher.
Insalubrité, faible croissance démographique et économique, hygiène déplorable, chômage, alcoolisme : tout est réuni pour mener aux dérapages. La « Zone » est un endroit sale et noire, sans beaucoup de lumière et de protection policière, où tout semble pouvoir arriver. Les incidents nocturnes alimentent régulièrement les colonnes de faits divers des quotidiens. Les apaches, qui tiennent leurs noms de l’utilisation du « surin », donnent aux boulevards extérieurs et leurs ruelles une réputation de coupe-gorge. Ce sont des bandes d’adolescent qui sème la terreur dans les quartiers excentrés tels que Belleville, Ménilmontant, Charonne ou la Villette.
On les appelle la bande des Quatre-chemins d’Aubervilliers, les Loups de la Butte, les Monte-en-l’air des Batignolles, … Et ils portent généralement des signes distinctifs comme des habits noirs, une cravate verte ou un béret rouge. Proxénètes, ravisseurs, braqueurs, ils multiplient les activités criminelles comme une vraie mafia en tissant des réseau parmi les commerçant et en rivalisant d’audace envers les autres bandes. Les apaches ont choisi un mode de vie alternatif, souvent déçu par la société et méprisant le « travail honnête », ils vivent pour le vol et les femmes.
L’insécurité se fait de plus en plus sentir au fil des années dans les quartiers périphériques. Malgré cela, les habitants de Paris de cette époque sont très optimistes, presque insouciants, quant à l’avenir. Grâce aux progrès technologiques, le positivisme et le scientisme font leur apparition dans les mentalités. On commence à voir la science faire des choses qu’on croyait impossible auparavant, tout parait alors possible à l’aube de ce XXème siècle qui s’annonce. Même si cela se ressentait plus dans le centre de la ville, dans ses cafés et cabarets, ses ateliers et ses galeries d’arts, tout le monde est touché par cet engouement sans précédent pour le futur.
Lexique de la « Zone » :
Le bénouse : le pantalon
Le bénouse largeot du bas : le pantalon patte d’éléphant
Le bénouse à poche à la mal au ventre : le pantalon a pont comme en porte les marins.
Les bobs : les dés
Le business : la prostitution
Chanstiquer : changer
Les éponges : les poumons
Avoir les éponges mitées : avoir la tuberculose
La gaufre : la casquette
Les lafs : les fortifications
La marmite : la prostituée
Le miché : le client
Le ruban : le trottoir
Le surin ou la rapière : le couteau
Une toute cousue : une cigarette
Le bénouse largeot du bas : le pantalon patte d’éléphant
Le bénouse à poche à la mal au ventre : le pantalon a pont comme en porte les marins.
Les bobs : les dés
Le business : la prostitution
Chanstiquer : changer
Les éponges : les poumons
Avoir les éponges mitées : avoir la tuberculose
La gaufre : la casquette
Les lafs : les fortifications
La marmite : la prostituée
Le miché : le client
Le ruban : le trottoir
Le surin ou la rapière : le couteau
Une toute cousue : une cigarette
- - - - - - - - - - - - - -
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire